et si vous changiez les couleurs ...?
Avant-première : BLACKKKLANSMAN
Mardi 21 août 19h45

Avant-première du film de Spike Lee Blackkklansman


vu sur Télérama :
critique par : Guillemette Odicino
Source : https://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2018/cannes-2018-avec-blackkklansman,-spike-lee-retrouve-son-mordant,n5649488.php

"Cannes 2018 - Avec “BlacKkKlansman”, Spike Lee retrouve son mordant



Spike Lee fait un retour remarqué avec une histoire de policier (incarné par Adam Driver) infiltré chez les super racistes du Ku Klux Klan. Une charge aussi féroce que jubilatoire.

Presque vingt ans que Spike Lee n’était pas venu à Cannes. Il était très attendu avec cette histoire folle – et véridique – d’un policier noir qui infiltra le Ku Klux Klan. Il n'a pas déçu. Le réalisateur de Do the right thing et de Nola darling n’en fait qu’à sa tête n’a pas perdu, et même retrouvé, tout son mordant et son humour de sale gosse férocement militant pour cette charge anti-raciste et anti-Trump.

A la fin des années 70, Ron Stallworth (John David Washington, fils de Denzel, et promis à la même carrière que son père) jeune inspecteur noir qui vient d’entrer dans la police de Colorado Springs et veut faire ses preuves, tombe sur une petite annonce du Ku Klux Klan. L’organisation pour la « suprématie blanche » recrute… Ron décroche son téléphone, se fait passer pour un raciste blanc de la plus sale eau, et déblatère avec aplomb sur les « nègres ». Seule erreur : ce bleu se présente sous son vrai nom ! Son interlocuteur, séduit par autant de haine, propose une rencontre. Puisque, d’évidence, Ron ne peut s’y rendre, c’est un autre policier (Adam Driver, quel acteur !) qui ira au rendez-vous à sa place. Son collègue Flip Zimmerman, qui est juif. Voilà donc la cellule du KKK de Colorado Springs infiltrée par un Noir et un Juif, qui vont se retrouver proches de David Duke, le responsable national du mouvement…

Dent contre dent, mépris contre mépris

Puisque ceci a les apparences d’une blague (et que le livre de mémoires de Ron Stallworth, paru en 2006, était déjà bourré d’humour), Spike Lee s’en donne à cœur joie : pas de pitié pour ces bouseux bas du front et paranoïaques qui prétendent représenter la crème de la race blanche et faire le ménage. Voir un raciste pur jus se faire balader au téléphone par l’incarnation même de ce qu’il honnit est un plaisir jubilatoire. Spike Lee enfonce le clou, avec un certain humour répétitif : à l’heure de Trump, pas de subtilité qui vaille, c’est dent contre dent, mépris contre mépris. Cette comédie très noire et ultra rythmée avance vers un grand moment dramatique où le cinéaste fait montre d’un sens du montage, en parallèle, qui glace le sang.

D’un côté une « messe » du Klan avec baptême des nouvelles recrues et projection de Naissance d’une nation de Griffith, devant lequel les membres postillonnent littéralement leur haine et applaudissent à la mort des personnages noirs comme à la corrida. La caméra de Spike Lee passe et repasse devant eux jusqu’à nous écoeurer. De l’autre, au même moment, une réunion organisée par une jeune étudiante noire militante du Black Power où un vieil homme (incarné, superbe idée, par Harry Belafonte, le premier acteur noir à avoir lutté pour les Droits Civiques) fait le récit, insoutenable, du lynchage de Jesse Washington, qui, en 1916, fut émasculé, carbonisé, et pendu à un arbre. Les photos de son corps calciné furent même imprimées et vendues comme cartes postales.

Rappeler l’horreur absolue du racisme. Se moquer, sans relâche, de ces Blancs qui prétendent à la suprématie. Mettre la musique à fond (la bande son est géniale) pour noyer les affronts. Mais aussi, comme un leader du Black Power y exhorte son public, au début du film, dire et redire la beauté des Noirs. Les exhorter à la fierté. C’est là que Spike est le plus fort : lors de ce discours, il cadre et isole des visages dans l’auditoire. Trois femmes, ici. Deux hommes et une femme, là… Sublimes images d’une puissance artistique qui vaut tous les manifestes. C’est à ces visages-là que l’on pensera, à la fin du film, lorsque le réalisateur rappelle les événements de Charlottesville. Après avoir ri contre la bêtise la plus dangereuse, on a envie de lever le poing, comme dans les années 70."



Billets en vente à l'accueil du cinéma et sur internet
BlacKkKlansman
USA | 2018 | 2h08 |

Réalisation :
Spike Lee
Avec :
John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2018 Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions. En se faisant passer pour un extrémiste, Stallworth contacte le groupuscule : il ne tarde pas à se voir convier d'en intégrer la garde rapprochée. Il entretient même un rapport privilégié avec le "Grand Wizard" du Klan, David Duke, enchanté par l'engagement de Ron en faveur d'une Amérique blanche. Tandis que l'enquête progresse et devient de plus en plus complexe, Flip Zimmerman, collègue de Stallworth, se fait passer pour Ron lors des rendez-vous avec les membres du groupe suprémaciste et apprend ainsi qu'une opération meurtrière se prépare. Ensemble, Stallworth et Zimmerman font équipe pour neutraliser le Klan dont le véritable objectif est d'aseptiser son discours ultra-violent pour séduire ainsi le plus grand nombre.
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